Sommaire
Introduction: L’Eglise de la fin du moyen-âge
La vie intellectuelle en occident est marquée par la scolastique cherchant à concilier la foi et la raison et par l’apparition d’universités dans les grandes villes. La philosophie de Thomas d’Aquin, les peintures de Giotto, la poésie de Dante et de Chaucer, les récits de Marco Polo et l’architecture des grandes cathédrales gothiques -comme celle de Chartres- sont parmi les plus grandes réalisations de cette période qui est aussi celle des grandes famines, de la Peste noire et de guerres qui réduisirent fortement la population de l’Europe occidentale.
L’Église catholique traverse de profondes crises théologiques. Les changements culturels et technologiques de la période transforment profondément la société européenne et ouvrent la voie à la Renaissance et par là même à la remise en cause des bases sur lesquelles reposait la société.
A la fin du ème siècle, les deux confessions Catholique et Orthodoxe vont commencer à s’étendre géographiquement de façon indépendante : les catholiques romains vers l’occident par la conquête des Amériques, les Orthodoxes par la poussée russe vers l’Orient
La chrétienté occidentale en crise

Humiliée par Philippe le Bel quelques années plus tôt, la papauté, il est vrai, n’a plus les moyens de défier les souverains comme autrefois, du temps du combat contre l’empereur allemand pour imposer le règne de Dieu sur terre.
Le Grand Schisme d’Occident
Grégoire XI meurt le 27 mars 1378, peu après son pénible voyage de retour à Rome.
Le roi de France Charles V conteste les conditions de l’élection et treize cardinaux, essentiellement français, se réunissent à Anagni, au sud de Rome, pour élire un nouveau pape, Robert de Genève, qui prend le nom de Clément VII et s’en retourne derechef à Avignon.
L’Europe se divise entre «urbanistes» et «clémentistes». C’est le début du «Grand Schisme». Notons qu’il ne touche pas au dogme et laisse indifférents la plupart des catholiques, qui n’ont en matière de religion d’autre interlocuteur que leur curé.
Des chrétiens troublés
Les divisions au sein du Saint-Siège ne vont cesser de s’aggraver dans les années suivantes.
Or, la papauté en lambeaux doit faire face au renouveau des hérésies et à la contestation d’illustres théologiens. L’Anglais John Wyclif et le Tchèque Jan Hus appellent à une réforme de l’Église et à un retour aux commandements de l’Évangile.
John Wycliff (1330-1384)
Né dans une famille de petite noblesse du Yorkshire, docteur en théologie en 1372.
À partir de 1374, il publie par fascicules une véritable somme théologique dans laquelle il expose sa doctrine :
- la hiérarchie ecclésiastique : la véritable Église est l’Église invisible des chrétiens en état de grâce. S’ils sont en état de péché mortel, les membres de la hiérarchie, et le pape lui-même, en sont exclus. Wycliff préconise même le tirage au sort de la dignité pontificale. Dieu exerce directement, sans l’intermédiaire du pape, son droit sur les biens terrestres ; les rois n’ont de comptes à rendre qu’à Dieu seul ;
- la Bible est l’autorité suprême ;
- les indulgences : un péché ne peut être pardonné sans qu’il y ait expiation et c’est Dieu seul qui pardonne ;
- en revanche, Wycliff maintient le dogme de la présence réelle du Christ dans la l’hostie consacrée.
On reproche à Wycliff de semer le désordre social. Sa doctrine est condamnée en 1382 par trois synodes tenus à Londres par les dominicains, mais lui-même n’est pas excommunié.
Wyclif envoie de sa propre autorité ses disciples prêcher dans le royaume d’Angleterre ; ils sont appelés « Lollards ». Les Lollards veulent la pratique d’une foi simple et « évangélique » : tout homme doit avoir le libre accès aux Écritures dans sa propre langue. On doit aux Lollards deux traductions de la Bible en anglais.
Ces mouvements annoncent certaines idées de la Réforme protestante (1395 : Requête des Douze Conclusions demandant au parlement l’abolition du célibat des prêtres, de la transsubstantiation, des prières pour les morts, des offrandes faites aux images, de la confession et de plusieurs autres pratiques considérées comme des abus de l’Église catholique romaine.)
Jan Hus (1369-1415)
Théologien, universitaire et réformateur religieux tchèque des XIVe et XVe siècles.
En 1402, Jan Hus devient prédicateur à Prague. Influencé par Wyclif, il s’interroge sur les conséquences pratiques de l’obéissance au Christ.
À la chapelle de Bethléem, il prononce des sermons contre « les erreurs du catholicisme », où il préconise une réforme de l’Église. Avec d’autres, il prêche le retour à une Église apostolique, spirituelle et pauvre. Il soutient que la réforme de l’Église doit passer par le pouvoir laïc. Ces propos trouvent un écho favorable dans la noblesse, qui y voit l’occasion de s’approprier les biens ecclésiastiques.
Jan Hus se trouve bientôt à la tête d’un mouvement national de réforme. Il prend publiquement la défense des écrits de Wyclif, condamnés par une bulle pontificale du 20 décembre 1409 qui ordonne leur destruction et l’interdiction de prêcher leur doctrine.
Son excommunication en 1411, sa condamnation par l’Église pour hérésie, puis sa mort sur le bûcher le 6 juillet 1415, lors du concile de Constance, déclenchent la création -et la répression- de l’Église hussite.
Le protestantisme voit en lui un précurseur.
Le concile de Constance
La restauration de l’autorité pontificale se fait pressante. La France, principale puissance de l’époque, serait susceptible d’y contribuer mais elle est ravagée par la querelle et bien incapable d’agir.
Il faut attendre 1415 pour que l’empereur allemand Sigismond, excédé, impose enfin la réunion d’un concile sur les bords du lac de Constance. Pas moins de 70.000 personnes se déplacent pour l’occasion.
À Constance, le collège des cardinaux révoque les trois papes du moment et en élit un et un seul. Celui-ci, Oddone Colonna, appartient à la noblesse romaine. Comme il n’est pas encore prêtre, on répare cet oubli en lui conférant hâtivement le sacrement de l’ordination. Prenant le nom de Martin V, le nouveau pape s’établit définitivement à Rome. Son élection, le 11 novembre 1417, met pratiquement fin au Grand Schisme.
Consécutif à l’exil de la papauté à Avignon, ce conflit de personnes au sein de la haute hiérarchie de l’Église catholique a affaibli celle-ci. Il a permis l’émergence de mouvements contestataires et, à plus long terme, de la Réforme protestante.
Une réforme qui se fait attendre
Un nouveau concile se réunit à Bâle le 3 mars 1431, à l’initiative du nouveau pape en vue de réformer l’Église, voire de réunir les Églises d’Orient et d’Occident, les orthodoxes et les catholiques. Malheureusement, cette réforme ne viendra pas car le pape Eugène IV, successeur de Martin V, n’en a cure et dissout le concile.
Notons que certains pères conciliaires s’insurgent contre cette décision. Ils se transportent à Constance, où ils élisent à la papauté le duc Amédée VIII de Savoie. Le dernier des antipapes prend le nom de Félix V. La chrétienté voit resurgir le spectre du schisme. Heureusement, celui-ci n’a guère de soutiens et le bon Félix V finit par se défaire de son autorité entre les mains du pape Nicolas V.
C’en est bien fini des papes et des antipapes qui se sont entre-déchirés pendant un demi-siècle, entre Rome et Avignon. Il n’empêche que le mal a été fait. La révolution religieuse en germe dans l’Empire allemand triomphera un siècle plus tard avec Martin Luther.
La France en profite…
La pragmatique sanction

Concordat de Bologne (1516)
1492

C’est le moment charnière entre le moyen-âge et la renaissance: Face aux « grands » du royaume et aux chevaliers vont surgir « cinq figures d’aventuriers: le marchand, le mathématicien, l’artiste, le découvreur » [2] qui vont façonner le monde de demain. (Voir le passionnant livre de Jacques Attali: 1492 [3])
La chrétienté grecque en ruines
Michel VIII Paléologue (-1282) qui s’est emparé du pouvoir (1259) au détriment de la dynastie légitime devient le refondateur de l’Empire byzantin. Toutefois, l’Empire byzantin est loin d’être rétabli dans ses frontières d’avant 1204. Une grande partie de la Grèce est toujours détenue par le despotat d’Épire et par d’autres États francs (la principauté d’Achaïe et le duché d’Athènes). De même, les Italiens dominent l’espace maritime et les îles de la mer Égée par le biais notamment du duché de Naxos. Ainsi, Byzance n’est plus la grande puissance d’autrefois, mais seulement un État important à l’échelle régionale.
Grâce à une politique étrangère audacieuse mais très coûteuse, Michel VIII parvient à préserver les frontières de l’empire et à empêcher la formation d’une nouvelle croisade occidentale contre son empire, grâce notamment à sa politique en matière religieuse. Il est partisan de mettre fin au schisme de 1054, une vision impopulaire mais qui devient rapidement un enjeu politique majeur. Son fils Andronic II (1282-1328) face aux finances à sec et à une armée en sous-effectif, est contraint de céder peu à peu tous les territoires d’Asie Mineure avant qu’une guerre civile (1321-1328) avec son petit-fils Andronic III Paléologue (1328-1341) ne le chasse du pouvoir.
Le nouvel empereur au tempérament guerrier tente sans succès de sauver les dernières possessions asiatiques de l’empire mais il est défait lors de la bataille de Pélékanon (1329). L’Empire byzantin devient dès lors strictement européen, un fait qui se confirme par la conquête du despotat d’Épire en 1337.
En 1359 l’Empire byzantin se réduit à la Thrace, la Chalcidique, Mistra, quelques îles Égéennes, le sud de la Crimée et Philadelphie en Asie Mineure.
La guerre civile de 1341 à 1347 épuise les maigres ressources de l’empire. Si Jean VI en sort vainqueur, il règne sur un empire exsangue, privé des ressources commerciales qui ont fait la richesse de l’empire et finit par abdiquer en 1354, date à laquelle les Ottomans s’emparent de Gallipoli et s’installent de manière durable en Europe.
Il ne faut que quelques années pour que les possessions de l’Empire byzantin se réduisent à sa capitale, aux environs directs de celle-ci, à Thessalonique (qui chute en 1387) et au despotat de Morée qui s’étend sur une partie du Péloponnèse.
Les empereurs byzantins désormais vassaux de l’Empire ottoman tentent de faire appel à l’aide de l’Occident pour susciter une croisade. Finalement, Bayezid Ier met le siège devant Constantinople en 1394 et Manuel II Paléologue (1391-1425) entame un long voyage en Europe pour demander de l’aide. Une armée occidentale est cependant lourdement vaincue à Nicopolis en 1396 et seule la victoire d’Ankara de Tamerlan sur les Ottomans en 1402 sauve l’Empire byzantin.
L’avènement de Mourad II en 1421 marque la fin de ce bref répit. Pour sauver son empire, Jean VIII Paléologue (1425-1448) fait de nouveau appel à l’Occident et signe l’Union des Églises au concile de Florence pour s’assurer du soutien de la papauté. Toutefois, une nouvelle armée occidentale est défaite à Varna en 1444 et la perspective d’une aide occidentale s’éloigne. L’arrivée au pouvoir de Mehmed II en 1451 met directement en péril la survie même de l’empire. Le nouveau sultan s’est en effet fixé pour objectif la ville de Constantinople.
Après de longs préparatifs, il vient mettre le siège devant Constantinople
au début du mois d’avril 1453, et prennent la ville le 9 mai 1453. Constantin XI (1448-1453) est tué lors des derniers combats et en s’emparant de Constantinople, Mehmed II met fin à plus de 1 000 ans d’histoire byzantine.
Après la chute de Constantinople
Dès le troisième jour après la conquête, le sultan entreprend un repeuplement par « importation » de prisonniers. Toutefois, l’acte le plus important dans cette direction fut assurément le rétablissement du patriarcat grec orthodoxe . Mehmed II avait enquêté dès l’été 1453, durant son séjour à Edirne, sur une personne – de préférence anti-unioniste – capable de se mettre à la tête des chrétiens orthodoxes. Le nom de Georges Scholarios, disciple de saint Marc d’Ephèse, lui avait été suggéré par son entourage. Celui-ci était prisonnier et se trouvait dans un village près d’Edirne. Le sultan l’a fait aussitôt racheter et emmener à Constantinople. Scholarios fut intronisé le 6 janvier 1454 avec le nom de Ghennadios II
Le terme empire byzantin est impropre. Il faut le remplacer par empire romain d’Orient, avec capitale Byzance…
Bien cher Père
Je plaide coupable.
Le raccourci permet à des lecteurs non avertis de mieux situer la chose.
Mais bien évidement vous avez raison sur le fond.
Merci de vos remarques et suggestions qui ne peuvent que m’aider…
Geo